11.09.2012

Activité économique et traduction en Russie

Activité économique et traduction en Russie
Activité économique et traduction en Russie

L’entrée de la Russie dans l’Organisation mondiale du commerce n’était qu’une question de temps. Le 22 août, l’attente a pris fin. Au terme des négociations les plus longues qu’ait connues le pays, la Russie a finalement rejoint l’Organisation mondiale du commerce. Les implications politiques et économiques de l’intégration de la Russie dans l’OMC peuvent difficilement être surestimées. Pendant plus d’une décennie, la septième économie mondiale était le seul membre du G8 à ne pas être membre de l’OMC. Les économistes russes comptent sur un boom économique à court terme, engendré par les nouvelles perspectives que laisse entrevoir l’adhésion du pays à l’OMC. Certaines voix optimistes de l’élite politique russe prédisent déjà au pays un miracle économique comparable à celui qu’a connu l’économie chinoise à la suite de son adhésion à l’OMC. Faisant preuve de plus d’objectivité, certains observateurs de l’économie russe se montrent plus réservés quant à l’impact immédiat qu’aura l’adhésion du pays sur son économie.

Tout d’abord, le climat économique actuel diffère grandement de la situation de 2001. La Russie ne possède pas la base productrice et la structure à bas salaires à l’origine du taux de croissance rapide qu’a connu la Chine et des excédents d’exportation qui en ont résulté. La plupart des experts s’accordent donc pour dire que l’économie russe, essentiellement basée sur les matières premières, aura du mal à parvenir à un miracle économique d’ampleur comparable. Pascal Lamy, directeur général de l’OMC, décrit l’entrée de la Russie dans l’organisation comme « une opération s’inscrivant dans la continuité plutôt que comme une adhésion révolutionnaire marquant un tournant dans l’histoire de la mondialisation.  »
Par ailleurs, aux yeux de nombreux non-initiés, la Russie conserve une réputation de terrain commercial difficile. Toutefois, en rejoignant l’OMC, elle s’engage à rendre sa législation et ses pratiques commerciales conformes aux réglementations de l’OMC ainsi qu’à d’autres mesures de libéralisation des marchés. Dans ce contexte, elle pourrait progresser considérablement dans la libéralisation du marché, en créant un marché plus attractif pour les investisseurs étrangers.

Même si les répercussions économiques de son adhésion à l’OMC ne seront probablement pas à la hauteur des espoirs nourris par certains hommes politiques russes, l’introduction de nouvelles réglementations et l’intérêt accru des investisseurs étrangers auront sans aucun doute un impact positif sur de nombreux secteurs, notamment celui des services. L’un des bénéficiaires de l’ouverture de la Russie sur l’Occident est le secteur des services linguistiques. Il y a 20 ans, le secteur de la traduction était dominé par des traductions de textes de nature politique et technique, la chute de l’Union Soviétique ayant entraîné l’apparition d’une multitude de nouvelles situations politiques et légales impliquant des dizaines de cultures et langues différentes. Ces dix dernières années ont vu l’essor des traductions destinées aux secteurs pétrolier, gazier, énergétique et chimique en répercussion de l’accroissement de l’approvisionnement par la Russie, riche en ressources naturelles, des pays gourmands en énergie d’Europe occidentale, le tout sur fond de projets de pipelines gigantesques devant traverser l’Europe de part en part. Ces projets requièrent des traductions en plusieurs langues, que ce soit pour la planification, la construction ou les financements.

L’adhésion de la Russie à l’OMC laisse désormais présager une forte croissance du volume de traductions, notamment de documents B2B concernant les fusions et acquisitions, les investissements, les entreprises communes, les actifs et les offres et analyses de marketing. La question est de savoir si le secteur de la traduction russe est en mesure de réagir aux défis auxquels il sera bientôt confronté. La Russie possède certes un certain nombre de fournisseurs de services de traduction régionaux, réputés et bien établis. Leur nombre est toutefois relativement faible comparé aux dimensions du marché existant et à son potentiel de croissance. Le secteur de la traduction russe est par ailleurs considéré comme n’étant pas suffisamment développé et ne répondant pas aux normes de qualité rigoureuses que s’imposent ses concurrents internationaux. Le secteur pourrait ainsi ne pas bénéficier, voire pâtir, des effets de la mondialisation, les grands groupes privilégiant, pour leurs projets de traduction et de localisation, les fournisseurs multilingues internationaux plutôt que des agences de traduction ou des traducteurs indépendants russes.
Pour pouvoir tirer parti des nouvelles opportunités qu’offre l’adhésion du pays à l’OMC, le secteur de la traduction russe devra faciliter les investissements, recruter des spécialistes formés, accélérer la modernisation de son équipement logiciel et de localisation et, surtout, définir des normes de qualité tangibles, à la hauteur de celles de ses concurrents internationaux.