26.03.2015

Coalition – Mot du jour

Edmund Burke est célèbre pour avoir dit : « tout gouvernement […] est fondé sur le compromis et sur le marchandage. » En effet, presque toutes les actions d’un gouvernement démocratique impliquent une part de compromis : chaque faction reçoit une part du résultat qu’elle voulait, mais aucune faction ne reçoit tout ce qu’elle veut. Collectivement, ces factions unies forment le mot du jour : une coalition.

En termes politiques, les coalitions existent probablement depuis les origines de la démocratie, au VIe siècle av. J.-C. à Athènes. Cependant, le mot n’est entré dans la langue anglaise qu’au début du XVIIe siècle. Comme son équivalent français, coalition, apparu au milieu du XVIe siècle, ce mot vient du latin tardif coalitus (union).

Lorsque l’on s’intéresse à ce mot dans le cadre de la politique britannique, au-delà des cas liés à des questions spécifiques, on s’aperçoit que les coalitions se forment généralement dans des périodes de crise ou de transition politique. Tandis que le Parti conservateur s’inscrit dans une lignée pour ainsi dire ininterrompue, les deux autres grands partis du gouvernement britannique, les Libéraux-démocrates et le Parti travailliste ont atteint leur forme actuelle au gré de regroupements et de coalitions. Les Libéraux-démocrates se sont formés à partir du Parti libéral et du Parti social-démocrate en 1988, au terme d’une coalition mutuelle de longue date. Le Parti travailliste quant à lui, bien qu’il n’ait pas été formé à partir d’autres partis, résulte d’une volonté, à la fin du XIXe siècle-début du XXe, des syndicats de mieux représenter les groupes de la classe ouvrière de l’aile gauche. Outre les partis individuels, il est également arrivé que tous les grands partis se réunissent pour former un gouvernement de coalition d’unité nationale en temps de crise, comme lors des deux guerres mondiales et de la Grande Dépression.

Ce terme a été écrit pour la première fois en 1605 pour désigner une union généralisée dans Certaine Godly and Learned Sermons d’Edward Philips : « Nous sommes la chair de sa chair, […] une coalition et un mélange de sa chair et de la nôtre. » Notre mot est entré dans le domaine de la politique par le biais des relations internationales. En 1653, dans A Collection of the State Papers of John Thurloe, ce dernier écrivit que : « Tous les états de Hollande ont humblement décidé une fois de plus de désirer que vous leur accordiez la paix, sans qu’elle leur coûte d’argent ni de villes de cautionnement et sans qu’ils aient à entrer dans une coalition ou dans une guerre offensive. » Dans le sens que nous lui attribuons aujourd’hui, ce terme a été utilisé dans un essai révélateur de Nathaniel Castleton datant de 1715, An essay towards a coalition of parties in Great Britain. Bien que les coalitions fassent aujourd’hui partie de la vie des Britannique, reste avoir si ce sera toujours le cas dans quelques mois, après les élections.