16.06.2015

Eskimo – Mot du jour

L’origine du mot « eskimo » (ou « esquimau ») n’a jamais été bien définie. Par ailleurs, l’utilisation en langue anglaise de ce mot pour désigner l’ensemble des peuples indigènes d’Alaska, du Canada, du Groenland et de Sibérie a parfois une connotation péjorative. Eskimo est le nom utilisé par les premiers colons étrangers à leur arrivée dans ces régions arctiques et subarctiques. À l’origine, on pensait que ce mot était dérivé d’un mot en langue algonquine signifiant « mangeurs de viande crue ». Bien que l’on pense maintenant qu’il vienne du mot ojibwa signifiant « tisser des raquettes », les connotations négatives persistent. Au Groenland, on utilise plutôt le mot « Groenlandais » ou « Kalaallit » et au Canada le mot « Inuit ». Cependant, compte tenu que le mot « Inuit » n’existe pas dans la langue yupik utilisée au centre de l’Alaska, le terme « Eskimo » est accepté comme mot collectif pour désigner les communautés yupik et inupiat (du nord de l’Alaska).

En 1877, le mot « Eskimo » est apparu dans Discourse Western Planting de Richard Hakluyt, un écrivain anglais qui encourageait la colonisation de l’Amérique du Nord à travers ses écrits. Il y parlait des « parties les plus septentrionales de la terre des esquimawes de la Grande Baie ». Nous ignorons pourquoi il utilisa l’orthographe « esquimawes », mais il s’agit sans doute d’une variante du français « esquimaux ». « Esquimaux » dérive, quant à lui, du montagnais (une langue algonquine) avec laquelle les négociants français étaient entrés en contact.

Dans les années 1800, les Eskimos Yupiks d’Alaska sont entrés en contact avec des explorateurs russes et c’est ainsi que commença le processus de changement culturel. La langue yupik du centre de l’Alaska est un exemple de la manière dont les langues peuvent s’affaiblir après l’introduction d’une langue dominante (à savoir l’anglais). Selon Ethnologue, une publication Internet qui s’intéresse aux langues du monde, en moyenne, six langues ont disparu chaque année depuis le début de cette publication en 1950. Sur son échelle des langues qui va de 0 à 10 (0 étant une langue internationale et 10 une langue morte), la langue yupik se place à l’échelon 6b, dans la catégorie « menacée ». Dans ce contexte, « menacée » signifie que « la langue est utilisée pour communiquer en face à face par toutes les générations, mais que son nombre de locuteurs diminue. » Dans son article What is an endangered language?, la Linguistics Society of America s’intéresse au destin des langues et cite le cas des communautés eskimos yupiks, au sujet desquelles elle affirme : « il y a 20 ans, tous les enfants parlaient yupik. Aujourd’hui, dans certaines de ces communautés, les plus jeunes locuteurs ont une vingtaine d’années et leurs enfants parlent uniquement anglais. » L’article se termine sur une mise en garde concernant les conséquences de la mort d’une langue : « La plupart de la vie culturelle, spirituelle et intellectuelle d’un peuple passe par sa langue… Quand une langue disparaît, tout cela doit être refaçonné dans une autre langue… Régulièrement, des traditions disparaissent de manière abrupte dans le processus et sont remplacées par les habitudes culturelles du groupe plus puissant. La perte de langues humaines limite également gravement ce que les linguistiques peuvent apprendre au sujet de la cognition humaine. »