24.11.2015

Guide Michelin – Mot du jour

Nous avons tous entendu parler, vu ou même suivi les recommandations gastronomiques du Guide Michelin. Cependant, tout le monde ne fait pas directement le lien entre ce prestigieux guide et le fabricant de pneumatiques du même nom.

Pourtant, ce guide est le fruit d’une approche marketing très intelligente du fabricant de pneumatique. Michelin est l’un des trois plus grands fabricants de pneumatiques du monde. Cette société est née en 1889 sous la forme d’une petite usine de caoutchouc et a déposé son premier brevet en 1891 pour un pneu démontable.

À cette époque, il y a avait très peu de véhicules motorisés en France. Pour autant, les deux frères Michelin étaient déterminés à faire des voitures, alors essentiellement utilisées le dimanche pour aller pique-niquer à quelques kilomètres de chez soi, un moyen de transport de masse pour les longues distances.

Afin de dynamiser la demande des consommateurs pour leurs produits, ils eurent l’idée brillante d’encourager les déplacements longue distance en publiant un guide à l’attention des voyageurs et des automobilistes répertoriant les hôtels et stations-services à travers la France.

Le premier Guide Michelin a été publié en 1900. Avec l’essor de l’entreprise, le guide s’est lui aussi développé. En 1904, le Guide Michelin s’est étendu à la Belgique. Les premières cartes routières sont apparues en 1910.

Mais c’est en 1926 que le guide s’est élargi à l’industrie qui allait le rendre célèbre : la gastronomie. Cinq années plus tard, le système des trois étoiles a été introduit, tout d’abord pour les restaurants de province puis pour ceux de Paris en 1933. Cette année-là, 23 restaurants français reçurent trois étoiles.

La signification des étoiles est la suivante : une étoile désigne « une très bonne table dans sa catégorie », deux étoiles récompensent « une table excellente méritant un détour » et les trois étoiles sont réservées à « une cuisine remarquable, valant le voyage ».

Le nom du fabricant de pneumatiques français est apparu pour la première fois dans les médias anglais seulement trois ans après sa création. Malgré sa courte existence, l’entreprise avait déjà une bonne réputation. En 1902, le magazine Motors and Motor-Driving parlait du « pneu le plus connu à l’étranger, à savoir le pneu Michelin ».

Le Guide Michelin a quant à lui été mentionné pour la première fois par un écrivain anglais en 1921 dans The Mountebank de William John Locke. L’auteur y raconte l’histoire d’un orphelin qui devient un jongleur itinérant : « The avocations that had led him to know the Inns of France with the accuracy of a Michelin guide » (« ses passe-temps qui l’avaient amené à connaître les auberges de France avec la précision d’un Guide Michelin »).

La première ville étoilée par le Guide Michelin fut mentionnée dans le roman d’espionnage anglais The IPCRESS file (Ipcress, danger immédiat) (1962). Ce roman s’intéresse au lavage de cerveau de la Guerre froide. Plusieurs scènes se passent dans la ville française de Joigny, que l’auteur Len Deighton décrit comme : « a Michelin-starred town a hundred kilometres south of Paris » (« une ville étoilée par le Guide Michelin à deux cents kilomètres au sud de Paris »).

En 1960, dans French Provincial Cooking, l’écrivaine de livres culinaires anglaise Elizabeth David se montrait sceptique quant aux critères d’attribution des étoiles du guide : « A careful look at the details of restaurant specialities given in the Michelin and other guides shows that not a few of them owe their star to some kind of sausage or pâté » (« En regardant de plus près les spécialités des restaurants données dans le Michelin et d’autres guides, on découvre que bon nombre d’entre eux doivent leur étoile à une quelconque saucisse ou pâté »).

Le restaurant londonien Le Gavroche fut le premier restaurant britannique à décrocher une étoile au Guide Michelin en 1974.

Aujourd’hui, le Guide Michelin doit faire face à de nombreuses critiques concernant ses critères de notation et le fait qu’il récompense un type de gastronomie trop traditionnelle au goût de certains. En outre, il doit faire face à la concurrence des critiques gastronomiques qui fleurissent sur Internet. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons en aucun cas sous-estimer l’histoire et le prestige qui lui ont valu le surnom de « bible des gastronomes ».