26.07.2017

La présidence estonienne arrive à un moment crucial en Europe

La présidence estonienne arrive à un moment crucial en Europe - EVS Translations
La présidence estonienne arrive à un moment crucial en Europe – EVS Translations

L’Estonie a pris la relève de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne samedi 1er juillet 2017, soit 6 mois plus tôt que prévu, suite au vote du Brexit ayant obligé le Royaume-Uni à se retirer de sa place pour se concentrer sur la négociation de son départ du club de Bruxelles.

Après seulement quelques jours de présidence, le pays balte est déchiré par des conflits de gouvernement et la possibilité d’être dirigé par un gouvernement minoritaire, voire qui s’effondre, et d’en appeler à de nouvelles élections.

Et tandis qu’un tel scénario a déjà eu lieu par le passé, une motion de défiance ayant fait tomber le gouvernement tchèque à la moitié de sa présidence de l’UE en 2009, le Premier ministre de l’Estonie,  Juri Ratas, à 39 ans le plus jeune de l’UE, a assuré à ses partenaires européens que « la coalition au pouvoir est stable et prend la présidence de l’UE très au sérieux ». Puis il a reconfirmé ses paroles depuis le sommet de Berlin : « Pendant notre présidence, notre objectif principal sera de maintenir la cohésion et l’unité au sein de l’UE. »

Et le rôle de l’Estonie serait en effet de se concentrer sur la “construction d’un avenir sûr pour tous les Européens”. Cela inclut lors de ses six mois de présidence les priorités suivantes : garantir la sécurité et la protection en renforçant la lutte contre le terrorisme et la criminalité et en poursuivant le travail sur la crise migratoire, promouvoir une Europe inclusive et durable, et faciliter une économie et une société ouvertes et innovantes en progressant dans la numérisation et la libre circulation des données.

Et qui est meilleur que l’Estonie en matière de numérisation ? Le pays a été proclamé une des sociétés les plus avancées au monde sur le plan technologique, assurant ainsi sa première place dans l’indice de numérisation du rapport de l’UE, et un leader dans le domaine du e-gouvernement et des services publics électroniques.

L’Estonie poursuivra très certainement le système de services numériques et les aspects numériques de toutes les politiques de l’UE sous sa présidence. Cependant, elle sera confrontée aux plus grands défis de la législation de la réforme inachevée des droits d’auteur, la Directive sur les droits d’auteur dans le marché unique, et la nécessité d’une règlementation “vie privée et communications électroniques” pour garantir le plus haut niveau de protection de la confidentialité dans l’ensemble des services concernés.

La présidence estonienne se doit de mettre entièrement en place l’Accord de Paris et de mener la transition à l’échelle mondiale vers l’énergie propre, et ce en poursuivant le bouquet de la Commission européenne Énergie propre pour tous les Européens. Mais il y a aussi le projet Nord Stream 2, le gazoduc russe reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique pour lequel l’Estonie demandera un vaste mandat pour évoquer toutes les importations de gaz en provenance de Russie et sera confrontée à d’éventuels nombreux désaccords puisque le sujet est extrêmement sensible pour certains États membres et les sanctions économiques contre la Russie sont prolongées de six mois.

En tant que présidente, l’Estonie pourrait aussi faire face à d’importants désaccords concernant l’intégration de demandeurs d’asile en Europe suite au dernier Conseil européen au cours duquel les chefs d’État et de gouvernement ne sont pas parvenus à un accord sur la réforme du régime d’asile européen commun.

La présidence estonienne arrive à un moment décisif en Europe : la crise des migrants, la menace terroriste, la négociation du Royaume-Uni de sa sortie de l’UE, les tentatives de la Russie d’influencer les politiques menées en UE et les élections fédérales en Allemagne à venir. Et comme l’a déclaré Matti Maasikas, ministre adjoint de l’Estonie chargé des affaires européennes : « Quand nous regarderons cela dans quelques années, peut-être que nous verrons que 2017 a été un orage avant l’éclaircie…Pour l’UE, il faut désormais gagner et regagner la légitimité de la part de nos concitoyens. Nous en avons besoin plus que jamais. »

La devise de la présidence estonienne du Conseil de l’Union européenne est “L’unité par l’équilibre” et l’Estonie cherchera à trouver un équilibre entre les différents intérêts au sein de l’Europe afin d’obtenir le meilleur résultat possible pour tous les citoyens de l’UE.