En ce début d’année, période propice aux bonnes résolutions, la tendance semble être, pour la plupart d’entre nous, à l’amélioration de soi-même. Aspect physique, manque de confiance en soi ou volonté de se recentrer sur ses besoins : les êtres humains sont toujours à la recherche de raisons et de manières de s’améliorer.
Dans l’ensemble, ces efforts sont louables. Ils peuvent cependant, comme toute chose poussée à l’extrême, déboucher sur un comportement qualifié de narcissique, terme auquel notre « mot du jour » est dédié. Narcissique décrit l’état anormal et malsain d’un individu obsédé par ses pensées, ses idées et son apparence. Quoique le concept à l’origine du mot provienne des Métamorphoses d’Ovide, le mot apparaît pour la première fois en anglais il y a un siècle, en mars 1915, dans un article rédigé par L.E. Emerson pour le Journal of Abnormal Psychology, cité en référence dans le livre About Time de M. Duberman publié en 1986, indiquant « me sentis mieux dans un bain chaud, nu, vis mon propre corps. Narcissique [sic]. »
Vingt ans après avoir fait son apparition dans le jargon clinique, le terme commence à se répandre dans le langage courant, décrivant un trait de la personnalité ou une caractéristique : dans The Destructive Element, publié en 1935, l’auteur, Stephen Spender, écrit que « Ce n’était pas un désir narcissique que de vouloir retrouver ses charmes et son innocence passés. » De nos jours, cent ans après son apparition, le terme narcissique décrit généralement des petits défauts de caractère que nous possédons tous à différents degrés et sous différentes formes. Cela explique peut-être pourquoi une étude menée en 2014 a révélé que si le nombre de personnes faisant de l’exercice pour des raisons de santé augmente, les jeunes de la génération Y qui essayent d’améliorer leur apparence sont plus nombreux. Cette étude pourrait également expliquer pourquoi les Américains dépensent à eux seuls plus de 10 milliards de dollars tous les ans pour améliorer leur apparence.
Mais peut-être explique-t-elle aussi, et surtout, la mode actuelle des selfies, qui a remplacé le coup d’œil jeté furtivement dans le miroir pour s’admirer et qui pousse la plupart d’entre nous à tenter de capturer jour après jour notre perfection en images, afin de la partager avec le reste du monde.
