23.12.2016

Post-vérité – Mot de l’année

Post-vérité – Mot de l’année - EVS Translations
Post-vérité – Mot de l’année – EVS Translations

Après l’emoji « visage avec des larmes de joie » élue mot de l’année 2015 par les dictionnaires Oxford parce qu’elle incarnait parfaitement les humeurs et les préoccupations de l’année, le lauréat de cette année ne devrait pas vous décevoir.

« Post-truth » (« post-vérité) a été choisi comme mot international de l’année 2016 par le dictionnaire britannique Oxford. Il s’agit en fait d’un adjectif qui, selon la définition de l’OCDE fait référence « à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles ».

Le mot choisi pour définir l’année 2016 existe depuis plusieurs décennies. Son utilisation a cependant enregistré une augmentation de 2 000 % au cours des derniers mois, essentiellement dans le contexte du Brexit et des élections présidentielles américaines.

Ces deux évènements sont par ailleurs associés à deux autres finalistes de cette année : le référendum britannique a donné naissance au mot Brexiteer (Brexiteur), une personne favorable au Brexit, et les élections présidentielles américaines ont vu apparaître le mot alt-right, contraction d’« alternative right » (droite alternative), désignant un groupe de personnes ayant des idéologies d’extrême droite qui rejettent les courants politiques traditionnels et utilisent massivement les média en ligne.

Pour en revenir à notre mot de l’année 2016, signalons tout d’abord qu’il est très rare de voir un terme indiquer simultanément une même tendance des deux côtés de l’Atlantique. Ce mot est essentiellement associé au domaine politique. Nous ne pouvons donc pas négliger son impact mondial, même si cela signifie que nous devions faire face au fait que les populations actuelles sont prêtes à accepter que la vérité soit sans importance.

Le mot est apparu dans les années 1990 avec le sens de « après que la vérité soit connue ». Sa première utilisation avec le sens que nous lui connaissons aujourd’hui, impliquant l’influence limitée des faits, date d’un essai du dramaturge serbo-américain Steve Tesich publié en 1992 dans le magazine The Nation au sujet de l’affaire Iran-Contra et de la guerre du Golfe persique.

Le terme post-truth politics (« politique post-vérité ») fut utilisé pour la première fois le 1avril 2010 par le bloggeur David Roberts dans un post pour Grist dans lequel il la définit comme : « une culture politique dans laquelle les opinions politiques (opinion publique et médias) sont pour ainsi dire entièrement déconnectées de la politique (la substance de la législation) ».

La plupart des experts accusent les médias sociaux, et leur rôle croissant dans la diffusion des informations et des opinions qui influencent les masses, d’être responsables de l’explosion de la politique post-vérité et des campagnes politiques qui se concentrent plus sur les émotions des électeurs que sur des faits objectifs.

Quel que soit le fautif, cela ne réduira en rien l’impact de ce tweet de The Independent : « Nous sommes entrés dans un monde post-vérité et il est trop tard pour faire machine arrière ».