15.03.2016

Tantra – Mot du jour

À l’image des mots « naturel », « biologique » et « holistique », le mot du jour est devenu à la mode chez les adeptes de la santé et du spiritualisme New Age. Des massages au yoga et même aux relations sexuelles, les tantras sont passés du domaine de la religion à celui du marketing. Ils restent cependant un concept mystique et souvent incompris par la majorité des gens qui, non sans ironie, succombent à leur matraquage marketing. Ainsi, afin d’éviter toute déformation, découvrons la vérité sur les tantras.

Souvent traduit comme « traité » ou « doctrine », le mot sanskrit tantra, qui signifie littéralement « tisser », est une combinaison du mot tan (« étirer » ou « étendre ») et du suffixe tra (« instrument »). Bien que ce terme soit apparu pour la première fois dans le Rig-Veda (71.9), une collection d’hymnes composée entre 1 500 et 900 av. J.-C., dans un sens littéral, sa première application à un ensemble de principes date d’une inscription lapidaire de 423 ap. J.-C., trouvée à Gangadhar, Rajasthan, Inde. Le tantra a des influences sur le jaïnisme, l’hindouisme et le bouddhisme. Comprendre les nuances et les variations subtiles de cette pratique prend parfois du temps. Pour faire simple, le tantra est un système de croyances, de méditation et de pratiques destiné à canaliser l’énergie de l’univers dans l’individu.

Bien loin du système de croyance, les « tantras » sont devenus un business à part entière. S’il n’existe pas de statistiques propres au « secteur tantrique », prenons l’exemple d’un secteur souvent associé aux tantras : le yoga. Si vous tapez « yoga » dans le moteur de recherche d’Amazon.com, vous obtiendrez plus de 750 000 résultats, ce qui témoigne d’une industrie qui représente plus de 30 milliards $ rien qu’aux États-Unis. Une augmentation de 29 % des adeptes du yoga a alimenté une hausse de 87 % des dépenses en produits liés au yoga, ce qui pourrait expliquer pourquoi 44 % des yogis gagnent plus de 75 000 $ par an.

La première utilisation en langue anglaise du mot tantra remonte à l’édition londonienne de 1799 d’Asiatic Researches, dans laquelle il est écrit que : « les tantras forment une branche de la littérature très estimée, bien qu’actuellement fort méprisée ». En 1877, Monier Monier-Williams, anticipant la disparition de la religion hindoue et la montée de l’évangélisme chrétien, écrivit dans son livre Hinduism : « le tantrisme, ou saktisme, est l’hindouisme parvenu à la dernière et pire étape de son développement médiéval. » Ironiquement, Monier-Williams n’aurait pas pu prédire que, au lieu de s’éteindre, le tantrisme serait remis au goût du jour grâce aux personnes qu’il exhortait à « sauver » l’Inde.