14.05.2015

Gin – Mot du jour

La plupart des gens ont une boisson préférée. Pour certains, il s’agit du gin tonic, cette boisson fraîche et pétillante, à base de gin Bombay Sapphire, Hendrick’s, Beefeater, Plymouth ou d’une autre marque. Bien que le gin soit un des deux ingrédients de ce cocktail, il n’attire jamais vraiment l’attention en dehors d’un article sur la marque préférée de quelqu’un ou devant la sélection du distributeur local. Nous allons y remédier et nous intéresser de plus près au gin.

Le mot gin est arrivé dans la langue anglaise par le biais des mots français, italien et néerlandais désignant le genièvre (respectivement ginepro et jenever dans ces deux dernières langues). Bien que l’on ait longtemps estimé son apparition au milieu du 17siècle, le gin, tout comme l’alcool néerlandais auquel il est étroitement associé, le genièvre, est beaucoup plus ancien. On trouve des références au genièvre dès le 13siècle. La première rencontre entre les Anglais et le gin daterait de la Guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648). Le gin doit sa popularisation en Grande-Bretagne à son goût, mais aussi à la monarchie. En effet, l’époux de la Reine Marie II était le prince hollandais Guillaume III d’Orange. Le genièvre néerlandais devint donc à la mode et, après quelques légères altérations, prit le nom de gin.

Avec un taux de croissance des ventes sur deux ans de 49 %, le marché actuel montre une préférence pour le gin de qualité supérieure et aime varier les styles et méthodes de production ainsi que les plantes utilisées. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas. Tandis que le gin gagnait en popularité et qu’il commençait à être produit au niveau national, sa production échappa à tout contrôle, aboutissant à un produit fabriqué pour pas cher et, à l’occasion, avec de la térébenthine utilisée comme agent aromatisant et distillé en présence d’acide sulfurique. Au sommet de sa popularité, plus de la moitié des 15 000 débits de boissons de Londres vendaient du gin, mais en raison de sa popularité, de son bas prix et de sa mauvaise qualité, le gin fut présenté comme un fléau source de problèmes sociaux et d’un accroissement du taux de mortalité. Heureusement, plusieurs décennies après son introduction en Grande-Bretagne et grâce à la loi sur le gin (Gin Act) de 1751, le gin commença à être plus associé à un alcool de qualité et moins aux maux de la société.

C’est le philosophe anglo-néerlandais Bernard Mandeville qui utilisa le premier le mot gin dans la langue anglaise. En 1723, il écrivit avec dédain que : « l’infâme alcool, dont le nom est dérivé des baies de genièvre néerlandaises, est aujourd’hui, en raison de l’utilisation fréquente d’un mot de longueur moyenne réduit à une monosyllabe, du gin enivrant ». Faisant écho au mépris que suscitait le gin, Alexander Pope écrivit dans Epilogue to the Satires (1738) que le gin est « une liqueur spiritueuse, dont la consommation exorbitante avait déjà presque détruit les classes les plus basses de la société jusqu’à ce qu’elle soit modérée par une loi du Parlement ». Par ailleurs, plus d’un siècle plus tard, Benjamin Brodie écrivit dans in Psychological Inquiries (1862) que : « c’est plus sous l’influence du gin et du brandy, que sous celle de la bière et du vin, que les maladies corporelles apparaissent ». Pour finir, lorsque la qualité commença à l’emporter sur le prix et que la consommation du gin devint plus répandue et moins diabolisée, Graham Greene écrivit dans son roman Brighton Rock, paru en 1938 : « I’ll have a gin. » (Je prendrai un gin.)

Nous vous rappelons que le gin doit être consommé avec modération et qu’il ne faut jamais conduire sous l’emprise de l’alcool.