09.02.2016

Dépression – Mot du jour

C’est, pour beaucoup d’entre nous, au cours du premier mois de la nouvelle année que le mot du jour s’insinue dans nos vies. Les paysages maussades se couvrent de blanc et le ciel de nuages, l’excitation des fêtes de fin d’année est retombée et, bien souvent, les bonnes résolutions commencent à nous mener la vie dure ou sont tout bonnement passées aux oubliettes, nous laissant un sentiment d’échec et de frustration. C’est comme si après le « pic » des fêtes, notre humeur et notre état d’esprit en prenaient un coup, descendant en-dessous de ce que nous considérions comme « normal » avant les fêtes. Qu’elle soit grave, bénigne ou saisonnière, la dépression (et/ou l’anxiété) touche près d’un adulte sur cinq au Royaume-Uni. Ce mot mérite donc qu’on s’y intéresse de plus près.

Avant de nous pencher sur le mot, intéressons-nous d’abord à ce trouble. Bien qu’il puisse avoir de nombreuses causes, allant d’un déséquilibre chimique à la conséquence d’une mauvaise nouvelle et qu’il puisse toucher tout le monde, certaines populations semblent être plus à risque. Ainsi, les femmes y sont plus sujettes que les hommes (21 % contre 16 %), les personnes divorcées ou séparées sont plus susceptibles d’en présenter les symptômes que les personnes mariées ou en couple (27 % contre 16 %) et les personnes au chômage ont 8 % de risques en plus d’en souffrir que les personnes ayant un emploi rémunéré (23 % contre 15 %). Il est intéressant de noter que la santé physique est l’un des principaux facteurs de santé mentale. En effet, les personnes qui ne se sentent pas bien physiquement ont 3 fois plus de chances (38 %) d’afficher des symptômes d’anxiété et de dépression que les personnes relativement satisfaites de leur santé (11 %).

Le mot « dépression » vient du latin depressio signifiant « enfoncement ». Si depuis quelques dizaines d’années nous réduisons presque exclusivement le mot à un trouble mental, il est intéressant de noter qu’il avait initialement une utilisation plus vaste et généralisée.

Le mot anglais « depression » (emprunté directement au français) est apparu dans la langue de Shakespeare vers 1400, dans A Treatise on the Astrolabe de Chaucer, dans un sens astronomique : « And that is the depression of the pole Antarctic, that is to say, that is the pole Antarctic beneath the Horizon the same quantity of space » (« Il s’agit là de la dépression du pôle Antarctique, c’est-à-dire, le pôle Antarctique sous l’horizon, avec la même quantité d’espace »). En 1665, dans Philosophical Transactions of the Royal Society of London, le mot est utilisé dans son sens littéral pour désigner une caractéristique géographique/topologique : « Of the Nature of the Ground and of the several risings and depressions thereof » (« de la nature du sol et de ses élévations et dépressions »). Enfin, concernant l’usage le plus répandu de notre mot, bien qu’il n’ait acquis son sens psychologique qu’en 1905, il fut initialement utilisé pour désigner le fait d’être découragé ou déprimé dans un ouvrage de Richard Baker et Edward Phillip, A Chronicle of the Kings of England (1665) : « Lambert, in great depression of Spirit, twice pray’d him to let him escape » (« Lambert, en proie à une grande dépression de l’esprit, le pria à deux reprises de le laisser partir »).

Un dernier mot avant de nous quitter : si vous ressentez certains symptômes de ce mot, allez chercher de l’aide et parlez-en à quelqu’un. Rien ne sert de souffrir en silence.