01.12.2015

Solidarité – Mot du jour

Les technologies de la communication d’aujourd’hui ressemblent sous bien des aspects à une boîte de Pandore. Elles nous permettent d’accéder à toutes sortes d’informations sur n’importe quel sujet où que l’on soit dans le monde et augmentent la portabilité. Cependant, en raison de cet avantage, nous, individus, nous sentons parfois déconnectés des évènements et éprouvons alors un sentiment d’impuissance et d’insignifiance. Lorsque l’on pense aux évènements qui ont récemment frappé Paris, l’empathie, la sollicitude et l’unité associées au mot du jour peuvent permettre à chacun de devenir acteur de la solution au lieu d’en être qu’un simple observateur. Et c’est la raison pour laquelle, ces derniers jours, un mot est apparu sur toutes les lèvres. Bien qu’elle soit malheureusement souvent réservée aux pires situations, la solidarité peut, utilisée à bon escient, refléter, comme l’a déclaré Abraham Lincoln lors de son discours d’investiture, « les meilleurs anges de notre nature ».

Pour ceux d’entre nous de plus d’un certain âge, la définition du mot solidarité est si étroitement associée au mouvement travailliste indépendant polonais Solidarność (« solidarité » en polonais) du début des années 1980 qu’il est difficile de croire que son histoire remonte bien plus loin. Le mot solidarité vient du latin solidum signifiant « totalité d’une somme ». C’est cette totalité ou unité qui donne sa force à ce mot.

Cependant, sans aller trop loin dans la philosophie ou le raisonnement, l’expression de cette force est associée à deux écoles de pensée. Selon l’approche plus universelle des préceptes catholiques et des travaux du Russe Pierre Kropotkin, la solidarité est la compréhension instinctive de ce qui doit être fait pour assister les autres pour le bien commun. Emile Durkheim a quant à lui une vision moins altruiste de la solidarité, estimant qu’il est de l’intérêt de chaque groupe (famille ou tribu) de subvenir à ses propres besoins et que, dans des situations plus complexes, comme avec l’exemple de Solidarność, des groupes (syndicats, par exemple) peuvent s’occuper des leurs, sans perdre de vue l’interdépendance de tous les groupes pour l’amélioration globale de la société.

La première utilisation en anglais du mot « solidarity » (emprunté du français « solidarité ») date de False Association & Its Remedy de Hugh Doherty (1841) où il était simplement défini comme une « responsabilité collective ». Dans English Traits (1856), Ralph Waldo Emerson utilisa ce mot dans un sens plus nationaliste : « One secret of their power is their mutual good understanding… they have solidarity, or responsibleness, and trust in each other » (« L’un des secrets de leur puissance réside dans leur bonne compréhension mutuelle. Ils ont un sens de la solidarité, ou responsabilité, et se font mutuellement confiance »). Comprenant qu’il peut exister une solidarité entre tous les objets qui travaillent ensemble pour atteindre un objectif commun, George P. Marsh, écrivit, au sujet de l’écriture (ou, pris hors contexte et pour nous donner matière à réfléchir, la société dans son ensemble) : « The organs of speech act and react upon each other;..there is, to use a word, which if not now English soon will be, a certain solidarity between them all » (« les organes de la parole agissent et réagissent les uns aux autres ; il y a, pour utiliser un mot, qui s’il n’est pas encore anglais le sera bientôt, une certaine solidarité entre eux »).